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  • Joanna DURIF

Entretien avec Rodolphe BEYER, directeur de CANYON FRANCE

Dernière mise à jour : 30 nov. 2022



Pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre parcours scolaire et professionnel ?


Je m’appelle Rodolphe BEYER, je suis directeur et fondateur depuis 17 ans de CANYON France, j’ai créé ma première société dans le domaine du cycle à la sortie de mes études. Une entreprise de distribution dans le domaine du vélo, j'étais distributeur de 3 marques italiennes (2 marques de vélo et une marque de produits énergétiques). Ensuite, j'ai été responsable export chez Sun Bicycles pendant 6 mois-1 an, puis j'ai créé CANYON France. On était le premier marché à s’ouvrir en dehors de la maison mère. En d’autres termes, la France a été le premier marché (test) il y a 17 ans pour développer le modèle de vente, qui est un modèle de vente de particulier, à savoir direct (sans passer par un réseau de revendeurs). On a été les pionniers de la vente directe sur le marché du vélo en Europe et me concernant, je l'ai été en France. En vendant directement les produits sur internet avec logistique adaptée, 6 ans de garantie sur les vélos et cetera. On a à la fois eu à faire la promotion de notre marque, de notre modèle de vente et puis également du cadre juridique de la commercialisation des vélos. On ne s'y attendait pas, néanmoins nous avons également dû faire cela au courant des 10 dernières années.

Le cyclisme pour moi est plus qu’un centre d’intérêt, c’est une passion. Depuis tout jeune, j'ai toujours ambitionné de pouvoir faire de ma passion, mon métier. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas hésité à mouiller le maillot lorsque je suis sorti de la faculté, pour me professionnaliser davantage et rejoindre les plus grosses structures. Ma volonté première à l'âge de 23-25 ans, c’était de vivre de ma passion et de laisser une trace indélébile sur un marché qui me passionnait. Je pense déjà avoir largement contribué, mais ce n’est pas fini.


Lors de votre passage dans le master marketing du sport de Strasbourg, votre stage était-il en lien avec votre passion, a savoir le cyclisme ?


Il n’y avait malheureusement pas de stage à l’époque.


Comment avez-vous obtenu ce poste ?


En étant responsable export de Sun Bicycles, j’ai observé le phénomène CANYON se développer en Allemagne et qui correspondait à la fois, à ce que je voulais faire et à ce que les clients/consommateurs de vélo auraient besoin et auraient envie. De là, j’étais entré en contact avec le PDG fondateur de la marque, puis on a conjointement décidé - après la réalisation d’une étude de marché- de tenter l'aventure en France. J’ai ainsi créé moi-même la structure CANYON France, qui m’appartient à 100%.


Vous reste-il des objectifs/buts professionnels ?


En 17 ans, je n’ai jamais fait plus de 6 mois le même métier au sein de la même société. Par exemple, hier matin, par rapport à l’an dernier, nous étions à 59,1% de progression. C'est fulgurant et perpétuel chez CANYON depuis le lancement. De par cette croissance, nous faisons face à des problématiques d’entreprises de grande envergure. Je me retrouve aujourd'hui face à des difficultés, que je n'avais pas anticipées il y a de cela 10 ans et de ce fait, j'ai constamment de nouveaux objectifs qui se profilent devant moi, tous les 6 mois ou tous les ans. En parallèle, j'ai également des activités dans une équipe professionnelle de vélo, alors peut-être d'élargir mes compétences et mes connaissances. Mon objectif principal reste d'accompagner le développement de la marque CANYON sans limite. Il y a également le développement de la mobilité verte, avec des vélos, mais aussi des vélos cargo… C’est vraiment au sein de CANYON que je vois mon avenir pour l'instant.


Qu'est-ce que la formation Marketing du Sport vous a apporté comme plus-value, ainsi que les personnes également que vous avez pu y rencontrer ?


De mon point de vue, la faculté apprend une méthodologie, une qualité de réflexion qui n'est pas transposable en tant que telle, mais constitue un bagage/background qui effectivement nous permet d'avoir de l'adaptation par la suite. Je conçois ainsi les études de manière générale. Si j'avais à conseiller mes enfants plus tard, je leur dirais de ne pas prendre pour argent comptant les différentes matières, mais d'enrichir et d'élargir leur envergure (en intégrant un maximum de connaissances) pour pouvoir avoir une flottabilité. En d’autres termes, de pouvoir anticiper, tout en enrichissant son expérience et ses compétences par de la réflexion, plus que des compétences spécifiques dans chaque domaine d’activité.


Lorsque vous étiez étudiant, vous attendiez-vous à occuper le poste que vous avez aujourd'hui ?


Au début de mes études pas du tout *rire*. Néanmoins, à la fin, c'était un rêve. Pas avec cette dimension-là bien sûr, j'imaginais diriger une marque de vélo ou travailler dans le marketing d'une marque de vélo, mais certainement pas avec cette ampleur de business et ce niveau de prise de décision au sein de différents univers.


Avez-vous un conseil à donner aux étudiants qui aimeraient à l’avenir exercer votre métier ?


Attendez 20 ans, que je sois à la retraite *rire*. Je ne pense pas forcément être particulièrement mieux placé pour prodiguer des conseils, en tout cas, celui que je formulerai serait la pratique des langues. L'anglais est primordial, incontournable, c'est l'ouverture sur le monde. Il faut travailler dessus soi-même et tenter de multiplier les expériences à l'étranger. Je vois trop souvent des gens qui ont des vraies compétences en français, mais qui sont inexistants dès qu'il s'agit d'aller les vendre avec une maison mère, avec des homologues d'autres marchés et cetera. C'est vraiment frustrant.

Mis à part cela, de manière générale de privilégier aussi une certaine forme d'exclusivité dans leur parcours. De ne pas essayer d'être tous pareils, avec la même vision des choses… Au contraire, il faut essayer de garder sa particularité, parce que c'est celle-là qui -sur le marché du travail- pourra être source de plus-value. Il faudrait arriver à garder une certaine uniformité (d'avoir les mêmes compétences que ses collègues), mais de garder son petit jardin secret, des petites particularités, qu'on a travaillées et qu'on a fait évoluer, pour justement se différencier fortement sur le marché du travail. Je pense qu'il y a aujourd'hui beaucoup de profils qui se ressemblent. Souvent, ceux que l’on voit en entretien sont ceux qui ont une vraie particularité.


Quel est votre avis sur le marché du sport (en France) ?


Effectivement, on est sur un marché qui est relativement en développement, surtout post COVID, avec le revange purchase, où les gens ont envie de se faire plaisir, de faire du sport, de consommer de l'outdoor. C'est vraiment un phénomène qui s’est renforcé. Je pense que professionnellement, c’est un marché avec des perspectives, tant sur la mobilité verte, que sur le développement du sport en lui-même. C'est une réelle opposition avec le climat actuel, visible à travers les médias, le COVID, la guerre… On a envie de s'évader et avec les évolutions technologiques des produits outdoor (ski, running, trail, vélo) la pratique devient accessible à tous. Beaucoup de personnes peuvent pratiquer à un niveau sympathique avec un ressenti de difficulté moindre. C’est une vraie opportunité. C'est aussi un moyen d’avoir une profession signifiante, tant d'un point de vue décisionnel que d’évolution des mentalités. C’est un plaisir d’évoluer dans un milieu qui est en adéquation avec sa manière de penser (économie verte, bonne santé, hédonisme…), plutôt que de solutionner des problèmes ou de vendre des produits de placement financier.


Merci à Rodolphe BEYER d'avoir accepté de répondre à nos questions et de participer à cet échange.

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